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Petite histoire de France 16

Publisert 18.12.2001 12:32

Charlotte Corday

par Maud Forsgren



Maud: Charlotte est certainement un des personnages les plus connus de la Révolution française. Je laisse Kai Østberg nous la présenter. Kai enseigne l'histoire à Blindern, à l'université d'Oslo. La Révolution française est une de ses spécialités.

Kai Østberg nous parle de Charlotte Corday.



Charlotte: Je m'appelle Marie-Anne Charlotte de Corday d'Armont. Je suis née le 27 juillet 1768 dans une ferme normande à côté de Camembert. J'appartiens à une famille de petite noblesse. Mon père est l'arrière petit fils de Marie Corneille, la soeur de Thomas Corneille et surtout de Pierre Corneille, l'écrivain bien connu. Par la suite je vis à Caen avec ma famille jusqu'à la mort de ma mère en 1782. On me place alors à l'Abbaye aux Dames, comme pensionnaire. Je reste là pendant près de dix ans, puis je vis quelque temps chez ma cousine. Le 8, non, le 9 juillet 1793 je quitte l'appartement de ma cousine et je pars pour Paris

Maud: Vous descendez à l'hôtel.

Charlotte: Oui, à l'Hôtel de Providence. Et j'écris.

Maud: Qu'est-ce que vous écrivez? Une lettre?

Charlotte: Non, pas exactement, j'écris un texte pour expliquer le geste que je vais commettre. Je donne un titre à ce texte.

Maud: Oui.

Charlotte: Adresse aux Français amis des lois et de la paix

Maud: Et ensuite…

Charlotte: Ensuite j'achète un grand couteau de table dans une boutique du Palais Royal, quarante sous. Et puis je prends rendez-vous avec Marat.

Maud: Il accepte de vous recevoir chez lui. C'est bizarre quand même.

Charlotte: J'ai dit que j'avais des révélations très importantes à lui faire. Alors le 13 juillet il me reçoit chez lui, au 30 rue des Cordeliers. Il est dans sa baignoire. La suite vous la connaissez.

Maud: Vous le tuez.

Charlotte: Oui, je le tue.

Maud: Mais pourquoi?


Charlotte: Parce que c'est Marat le responsable de tous les malheurs qui sont arrivés à la France. "L'ami du peuple"… Quel ami! Marat était un monstre indigne de vivre

Maud: Mais vous… vos idées…

Charlotte: J'ai toujours cru à la révolution. Vous savez, j'étais républicaine bien avant la révolution. Mais la Terreur… là non, c'est trop.

Maud: En tuant Marat, qu'espériez-vous?

Charlotte: Rendre la paix à mon pays. J'ai tué un homme pour en sauver cent mille.

Maud: Croyez-vous donc avoir tué tous les Marats?

Charlotte: Celui-là mort, les autres auront peur peut-être...


Maud: Tout va ensuite très vite. Charlotte est arrêtée immédiatement et placée à la Conciergerie. Dans cette prison elle écrit quelques lignes à son père:
Pardonnez-moi. Si je vous ai dit que j'allais en Angleterre, c'était pour garder l'incognito. Je vois que c'est impossible. Ne vous tourmentez pas. Je venge d'innocentes vistimes. Le peuple se réjouira un jour d'être délivré d'un tyran. Adieu, mon cher papa. Je vous prie de m'oublier, ou plutôt de vous réjouir de mon sort. La cause en est belle. N'oubliez pas ce vers de notre ancêtre Thomas Corneille: "Le crime fait la honte et non pas l'échafaud". J'embrasse ma soeur, ainsi que tous nos parents. C'est demain à huit heures qu'on me juge. Ce 16 juillet.


Maud: Charlotte Corday est condamnée à mort le 17 juillet 1793, et exécutée le même jour, vers sept heures du soir.


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